Le 2019-12-28 09:00:00, Le président algérien nomme un universitaire et ancien diplomate comme nouveau Premier ministre | Algérie Actualités
La nomination d’un nouveau venu politique intervient alors que le pays est aux prises avec un mouvement de protestation exigeant un changement systémique.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a nommé un universitaire peu connu et diplomate à la retraite comme nouveau Premier ministre du pays, qui a promis de regagner la confiance de la population après des mois de manifestations de rue.
Abdelaziz Djerad, 65 ans, a été sollicité par Tebboune samedi pour former le prochain gouvernement algérien, selon l’agence de presse officielle APS.
Dans sa première déclaration publique, Djerad a déclaré qu’il était crucial que les autorités travaillent pour « regagner la confiance des gens » et s’est engagé à rassembler les Algériens pour relever « les défis socio-économiques et sortir de cette période délicate ».
Il a précédemment occupé le poste de secrétaire général de la présidence au milieu des années 1990 et a occupé le même poste au ministère des Affaires étrangères de 2001 à 2003.
Les manifestants sont d’abord descendus dans les rues du pays en février pour s’opposer à la décision du dirigeant de longue date Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat présidentiel.
Mais les protestations ont persisté bien après que Bouteflika ait été contraint de démissionner par l’armée en avril, des militants pro-démocratie appelant à la destitution de tous ceux qui ont servi sous l’ancien président.
Au lieu de cela, le chef de l’armée de l’époque, Ahmed Gaid Salah, qui est devenu le leader de facto du pays, a poursuivi une élection présidentielle qui a finalement eu lieu le 12 décembre, malgré l’opposition du mouvement de protestation, connu sous le nom de Hirak.
Critique de l’élite dirigeante
Depuis le début des manifestations, Djerad, professeur de sciences politiques, est devenu un critique virulent de l’élite politique algérienne. Ses apparitions dans des talk-shows politiques se sont multipliées dans les semaines qui ont précédé la destitution de Bouteflika.
Cependant, il s’est également prononcé contre la tenue du vote présidentiel qui a porté Tebboune au pouvoir, affirmant que des réformes fondamentales devaient être adoptées avant qu’un tel vote puisse avoir lieu.
« Si un président est élu dans le cadre existant, actuellement imposé aux Algériens, il y aura une autre crise plus importante et une rupture totale entre les gouverneurs et les gouvernés », a déclaré Djerad aux médias d’État en avril, cité par le site d’information local TSA.
Djerard, à droite, est devenu un critique virulent de l’élite politique algérienne depuis le début des manifestations en février [APS-AFP]
En juin, il a remis en question la gestion de la crise par l’armée, demandant pourquoi le haut commandement de l’armée n’avait pas retiré son soutien au Premier ministre de l’époque, Noureddine Bedoui, et au président par intérim Abdelkader Bensalah, tous deux considérés par le mouvement de protestation comme des vestiges de la vieille garde.
« Dans toute négociation ou dialogue, il y a des signaux que nous devons émettre à qui nous parlons. Le véritable courtier du pouvoir, les militaires, pourraient envoyer ces signaux en limogeant le Premier ministre et aussi le président, d’autant plus que leur départ leur coûtera [army] rien sur le plan politique », a-t-il déclaré à la TSA.
L’armée, qui a été un arbitre clé du pouvoir économique et politique en Algérie depuis son indépendance de la France en 1962, avait été catégorique pour que le vote ait lieu.
Des milliers d’Algériens ont manifesté vendredi pour la 45e semaine consécutive contre Tebboune, qu’ils ont rejeté comme un loyaliste de Bouteflika trié sur le volet par le chef de l’armée Ahmed Gaid Salah, décédé lundi d’une crise cardiaque.
Ramy Allahoum a contribué à ce rapport. Suivez-le sur Twitter @rallahoum
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