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Paranoïa stratégique: la banalité de l’obsession marocaine de l’Algérie

Paranoïa stratégique: la banalité de l'obsession marocaine de l'Algérie

Le 2021-03-16 21:01:51, Paranoïa stratégique: la banalité de l’obsession marocaine de l’Algérie

Rabat – Si quelque chose s’est démarqué de la récente avalanche de rapports alarmants sur les relations Algérie-Maroc, c’est que le Maroc est le sac de frappe préféré de l’Algérie.

«J’ai l’honneur de vous informer que le royaume du Maroc adopte une nouvelle stratégie», a écrit le ministre algérien des Affaires étrangères Sabir Boukadoum au début du mois dans une lettre adressée au ministre algérien de l’Enseignement supérieur.

La «notice administrative» de Boukadoum soulignait une condamnation viscérale de l’adoption d’une carte marocaine indivise par un certain nombre d’acteurs internationaux. Dans son désir insatiable de subjuguer et de dominer, a écrit Boukadoum, le Maroc est en train de rassembler les dernières touches de ses plans «expansionnistes». La «diplomatie de la carte» du Maroc doit être combattue et écrasée, a-t-il conclu.

Malgré toute sa véhémence, la lettre de Boukadoum était presque amicale par rapport à ce que d’autres responsables algériens ont dit du Maroc ces dernières semaines. Après tout, se lancer dans des tirades sifflantes en parlant du Maroc est devenu un rite de passage pour les représentants du régime algérien.

Depuis son indépendance en 1962, nous dit-on, l’Algérie a sans cesse défendu le Maroc pour les droits et la dignité du «peuple sahraoui». Aujourd’hui, cependant, les enjeux sont censés être plus élevés: le monde, ou plutôt l’Afrique du Nord, compte sur une Algérie juste et courageuse pour contrecarrer l’influence corrosive et les complots «sionistes» du Maroc et de ses nouveaux amis israéliens.

«L’Algérie est sans aucun doute la première cible d’Israël», écrivait l’ambassadeur d’Algérie Noureddine Djoudi en février, présentant le récent rapprochement Maroc-Israël comme une déclaration indirecte de guerre à l’Algérie. Incapable d’affronter directement l’Algérie, semble-t-il suggérer, Israël et le Makhzen ont recours à l’infiltration du pays, enivrant ses débats publics en parrainant des manifestations malhonnêtes pour la démocratie.

«Tout est prêt à détruire l’Algérie, dernier bastion du Maghreb pour la défense des peuples opprimés.» Dans le monde myope de Djoudi, le Hirak algérien est très probablement une tentative maroco-israélienne de discréditer et finalement de renverser un régime impeccablement démocratique.

Trop c’est trop

Le détournement et la tribulation tiers-mondiste sont depuis longtemps deux des plus forts points forts du régime algérien. L’obsession notoire d’Alger pour le Maroc est un élément clé de la boîte à outils du pays.

En ce sens, le nostalgio-triomphalisme prigg de Djoudi peut être classé parmi les événements récents qui semblent avoir porté la rivalité régionale Alger-Rabat de longue date à des sommets inhabituels.

Les affirmations hubristiques et le mépris non déguisé du Maroc impliquent la conviction inébranlable, assidûment cultivée parmi ceux qui ont donné le ton du discours public algérien, que le Maroc est l’allié naturel de toutes les forces conspirant contre la grandeur de l’Algérie.

Mais même si cela montre clairement que le Maroc est une étoile fixe dans le firmament stratégique des officiels algériens, l’éternel méchant à éliminer, l’imagination surchauffée de Djoudi de la «guerre de quatrième génération» du Makhzen contre l’Algérie n’était en aucun cas l’apogée de l’élargissement du fossé entre Alger et Rabat.

Ce n’était, en fait, qu’une des nombreuses salves d’ouverture dans ce qui semble être une nouvelle phase de la guerre numérique entre les deux voisins.

L’autre plans d’ouverture, beaucoup plus remarqués, de cette nouvelle guerre de l’information a eu lieu lorsqu’une chaîne de télévision algérienne connue pour être dans les bonnes grâces de l’establishment militaire algérien a déchaîné un opprobre sans précédent sur une institution que les Marocains considèrent comme sacrée.

Quand Echourouk a présenté le roi du Maroc en effigie dans le cadre d’une émission télévisée comique, les Marocains ont vu dans la tentative sans fard du point de vue de ridiculiser le monarque du Maroc, décrit comme une marionnette ressemblant à une marionnette, l’acte ultime de provocation.

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Alors que les Marocains se sont habitués à la dénigrement implacable du régime algérien contre le Maroc et à la couverture de mauvaise foi par les médias algériens de leur pays, l’audace d’Echourouk était tout simplement trop.

Quelques heures après la diffusion de l’émission télévisée, «le roi est une ligne rouge» faisait fureur sur les réseaux sociaux marocains. Dans la mêlée, il a été suggéré que Rabat envisage de répondre en nature aux provocations «intolérables» et «sacrilèges» de l’Algérie.

Pour le premier groupe qui peuplera ce camp, le Maroc devrait donner à l’Algérie un avant-goût de sa propre médecine en intervenant dans les affaires internes algériennes en soutien aux mouvements de dissidence politique, y compris ceux qui nourrissent des aspirations séparatistes.

La deuxième cohorte, plus mesurée, soutient que Rabat devrait simplement rompre ses relations avec l’Algérie et mettre fin à une prétention de plusieurs décennies de relations diplomatiques avec un voisin qui se délecte de sentiments anti-marocains. Certes, les développements récents ont donné une crédibilité assez solide à la thèse selon laquelle couper les liens avec l’Algérie est une décision attendue depuis longtemps pour Rabat.

Rien de nouveau

Mais si la frustration des Marocains face au dénigrement implacable d’Alger contre le Maroc est justifiée, il y a un argument valable à faire valoir que la demande d’une riposte de sable dans la ligne qui prévaut actuellement dans de nombreux cercles marocains ne peut que, étrangement, donner la Régime algérien un sens étrange de la mission accomplie.

Les psychologues sociaux ont établi depuis longtemps que les haineux, ou les intimidateurs, peuvent rarement être raisonnés. Ils trouvent leur joie et leur raison d’être, tout simplement, dans la haine ou l’intimidation.

Ils se délectent de la négativité et se délectent de pointer vicieusement les défauts – parfois réels mais surtout imaginés – des autres. Leur attitude peut provenir d’une pure jalousie ou simplement d’une frustration profondément ancrée face à l’objet de la haine, qu’ils tiennent souvent responsable de leur propre sous-performance ou misère.

Il ne serait pas particulièrement audacieux de suggérer qu’une telle dynamique pourrait être en jeu dans la saga des amis-ennemis d’Alger et de Rabat, qui dure depuis des décennies.

D’une part, le festival des hyperboles, des pseudo-faits et des données cuisinées que l’on rencontre souvent sur la couverture par les médias algériens de la question du Maroc et du Sahara donne l’impression d’un pays coincé dans un bourbier de sa propre fabrication et maintenant à la recherche frénétique d’un baume émotionnel ou tout cri de ralliement bon marché.

Et donc, la caricature du roi du Maroc était un développement nouveau mais sans surprise. C’était un exemple d’habiller le jeu de sabotage habituel, de pointer du doigt dans son meilleur dimanche. Mais cela pourrait aussi être le signe avant-coureur d’un nouveau chapitre de suspicion dans la relation déjà tendue entre Alger et Rabat.

Malgré des décennies de relations tumultueuses, les responsables marocains et les journaux marocains parlent généralement de l’Algérie avec une courtoisie familiale, même si parfois avec une pointe d’ironie.

Être ou ne pas être

Ne pas répondre aux «provocations» des responsables algériens ou ne jamais se mêler des affaires algériennes est depuis longtemps une politique motrice du corps diplomatique marocain. Un exemple typique a été lorsque le gouvernement marocain a contesté l’ancien ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar pour des commentaires «irresponsables» en faveur des sentiments anti-régime qui venaient de commencer à monter en Algérie.

Mais avec les Marocains maintenant flamboyants d’indignation et poussant un grognement collectif de mécontentement face à la représentation «impardonnable» de leur roi, le sentiment est que les diplomates marocains et autres hauts fonctionnaires peuvent ne plus avoir le sentiment de prolonger le cycle de courtoisie et de décence qu’ils longtemps épousé en ce qui concerne l’Algérie.

Ou que les commentateurs marocains ressentent le besoin d’être plus agressifs dans la manière dont ils couvrent l’Algérie. En fin de compte, cependant, répondre en nature – aussi bas que les responsables et les médias algériens l’ont fait – peut fournir au régime algérien ce dont il semble avoir le plus besoin au milieu d’une série interminable de crises entrelacées: la possibilité de détourner l’attention et l’indignation ineptie du gouvernement envers une menace étrangère existentielle imaginaire.

Tout indique que le Maroc comprend cela et se prépare à agir en conséquence, sauf obligation contraire. Dans une évolution plus alarmante, l’Algérie vient de lancer un sombre ultimatum ordonnant aux agriculteurs de l’est du Maroc d’évacuer leurs domaines d’Al Araj, près de la frontière maroco-algérienne, d’ici le 18 mars.

Le Maroc n’a pas encore répondu à ce que beaucoup ont déjà interprété comme un autre acte de provocation flagrant visant à détourner les projecteurs des troubles actuels du régime algérien. Face à une mer de critiques à l’intérieur et à une pertinence de plus en plus faible sur le front diplomatique, Alger parie sur de forts murmures d’auto-importance pour déplacer l’attention des Algériens des manifestations anti-établissement vers un différend territorial avec le Maroc.

L’histoire comme d’habitude

En l’occurrence, on s’attend à ce que le Maroc opte très probablement pour le dialogue et évite de céder aux tentations des bruits distrayants de paranoïa et de ressentiment d’Alger en tant que politique étrangère.

«Mais nous savons que nos soldats, qui préfèrent toujours la retenue, n’utiliseront ni violence ni armes pour ne pas céder à des provocations qui pourraient conduire à une escalade, même s’ils ont amplement les moyens d’intervenir efficacement», Omar Anane, l’un des Les agriculteurs marocains, l’Algérie a ordonné de quitter leurs domaines à la frontière maroco-algérienne, a déclaré à propos de l’attitude des troupes marocaines.

La question centrale et originale demeure cependant: jusqu’à quand le Maroc résistera-t-il à la tentation d’une guerre ouverte avec l’Algérie malgré une série de provocations apparentes? Ou, plus pertinemment, le Maroc se sentira-t-il obligé d’agir militairement si Alger refuse une offre de dialogue?

Alors que les choses se déroulent au ralenti, on se souvient sans aucun doute de la description heureuse de Raymond Aron de la guerre froide comme une condition de «paix impossible et de guerre improbable». Pour le meilleur ou pour le pire, Alger et Rabat partagent un point de convergence: ils sont tous deux réticents à risquer les dommages irréparables qui pourraient résulter d’une confrontation ouverte entre deux des plus puissantes armées d’Afrique.

L’épisode entier porte un curieux écho à la notion de «l’histoire comme d’habitude» d’Arnold J. Toynbee. Parce que très peu, voire aucun, à Alger et à Rabat veulent provoquer une guerre régionale dévastatrice, un va-et-vient sans confrontation ouverte est en passe de dicter les relations Algérie-Maroc pendant de nombreuses années à venir.

Et donc, alors même qu’il se trouve dans un endroit rocailleux, surclassé sur le front diplomatique et soucieux de survivre à l’assaut en cours sur sa légitimité, le régime algérien arrive à agir comme s’il dirigeait le spectacle. Le Maroc, quant à lui, parvient à ignorer les agitations anodines et futiles d’Alger tant qu’elles ne constituent pas une menace immédiate pour le statu quo dont aucune des deux parties n’est satisfaite mais que les deux se contentent de préserver.

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