Le 2020-08-05 09:00:00, Revue Papicha – Répression et rébellion dans une Algérie déchirée par la guerre | Cinéma du monde
Le titre est en argot algérien pour «fille cool» ou «fille rebelle» et la cinéaste algérienne Mounia Meddour apporte beaucoup d’énergie à ce premier long métrage autobiographique, situé dans les années 1990 pendant la guerre civile de son pays, entre le gouvernement et les militants islamistes. C’est un sujet suffisamment controversé pour que le film se voit refuser une sortie en Algérie l’année dernière, alors qu’il s’agissait de l’entrée du pays pour l’Oscar du meilleur film étranger, non nominé mais sélectionné pour la section Un Certain Regard à Cannes et remportant deux Césars français.
Meddour en jette beaucoup dans le mélange – thriller politique, feuilleton, mélodrame, tragédie – et c’est un peu incertain. Les coups de pinceau sont larges, mais le film a une vraie énergie (ça m’a un peu rappelé Girlhood de Céline Sciamma, de 2014) et un thème contemporain urgent.
Le cadre est un campus universitaire à Alger, où règne encore – en théorie – la liberté de pensée et d’expression. Nedjma (Lyna Khoudri), surnommée Papicha, est une étudiante intelligente spécialisée dans la mode qui se faufile hors de son dortoir avec sa compagne Wassila (Shirine Boutella), évitant les fanatiques d’armes à feu, pour aller danser dans une boîte de nuit de style occidental où elle aussi a une bousculade dans la salle des dames en vendant des robes qu’elle a confectionnées. Mais les forces de la misogynie et de l’extrémisme religieux se rapprochent.
Les autorités ajoutent du bromure au lait servi dans la cantine universitaire des filles, un produit chimique dangereux destiné à supprimer leurs «désirs», et les fanatiques islamistes – ivres d’intimidation et de pouvoir – disent aux femmes de se couvrir et de réprimer les professeurs. qui parlent français: un cadre d’extrémistes perturbe une conférence sur le penseur pluraliste Albert Jacquard.
Nedjma a une idée héroïquement provocante: elle mettra en scène un défilé de mode avec de nouveaux dessins et couleurs pour le foulard ou le haïk traditionnel des femmes, mais elle est sur une trajectoire de collision avec ceux qui pensent qu’elle est du mauvais côté de l’histoire algérienne. Il y a ici une rhétorique émotionnelle dispersée – mais aussi un idéalisme et une force émotionnelle.
Papicha est sur les plateformes numériques à partir du 7 août.
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