INTERVIEW – À bientôt 89 ans, Marthe Villalonga n’a rien perdu de l’énergie qu’on lui connait. L’actrice, connue pour son rôle dans la série « Maguy », tourne toujours. Mais c’est pour parler de sa vie de femme qu’elle a accepté de témoigner dans 7 à 8.
– Virginie Fauroux
Elle nous a tant fait rire. D’abord dans les films d’Yves Robert où elle jouait la mère envahissante de Guy Bedos, alors qu’elle n’avait que deux ans de plus que son fils à l’écran. Puis en interprétant la femme de Roger Hanin dans les films d’Alexandre Arcady. Mais aussi sur le petit écran, lorsqu’elle interprète pendant plus de dix ans, Rose, une femme de ménage haute en couleurs dans la série Maguy. Pétulante, explosive, irrésistible devant les caméras pendant plus de 50 ans, elle se montre en revanche beaucoup plus discrète et pudique sur sa vie de femme. Une existence empreinte de mystère où l’être aimé a été partagé. Une vie dans l’ombre dont elle a accepté de parler pour la première fois.
Et pour l’occasion, Marthe reçoit les caméras de 7 à 8 chez elle à Cannes, tout près de sa si chère Méditerranée. « La mer, c’est toute ma vie. Elle est là, elle bouge. J’adore ça. Je ne suis bien que quand je suis dans l’eau », dit-elle. Mais bien sûr, son cœur bat aussi pour l’autre rive de cette grande bleue, l’Afrique du Nord, et plus particulièrement l’Algérie, où elle est née. « Quand je regarde loin, je vois tout le monde là-bas. C’est tout ce qui me rappelle mon adolescence, mais aussi ma petite enfance. Je me dis, c’est là-bas, c’est chez moi », se remémore-t-elle.
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Déjà à six ans, j’avais envie de faire le guignol. Alors je montais sur une table et je chantais « C’est la lutte finale ».
Alors qu’elle quitte cette terre bien aimée à l’âge de 25 ans, elle n’y retournera plus. « Jamais », insiste-t-elle. Un choix mûrement réfléchi, « parce que je ne vais pas retrouver mon pays », se justifie-t-elle. Et d’ajouter : « Il y avait les Juifs, les Arabes, les Espagnols, les Italiens, et tout ça faisait un truc extraordinaire parce qu’on était vraiment tous ensemble ». Un temps béni. Ses parents tenaient un café près d’Alger, « Le Café de France », ses premières planches à elle. « Il y avait toujours des gens qui venaient boire un coup, les copains de mon père par exemple, et ils me disaient : ‘Allez, viens nous chanter quelque chose’. Et moi, j’aimais ça. Déjà à six ans, j’avais envie de faire le guignol. Alors je montais sur une table et je chantais ‘C’est la lutte finale’ (L’Internationale, ndlr)« , raconte-t-elle, espiègle.
Fille unique, Marthe évolue au milieu de parents qui la chérissent. Pour ne pas les décevoir, elle suit en cachette des cours de comédie au Conservatoire d’Alger. Sauf qu’à la fin de l’année, elle obtient le premier prix, son père l’apprend, « et c’est comme ça que tout a commencé », confie-t-elle. C’est d’ailleurs pour une pièce de théâtre à succès, La famille Hernandez, contant les aventures d’une famille pied-noir, qu’elle s’envole pour Paris en 1958. « C’était un rêve », lance-t-elle. Au cinéma, Marthe Villalonga est souvent cantonnée à des rôles de mère juive alors que, dit-elle, « je ne suis ni mère, ni juive ! » Son père était espagnol et sa mère, italienne. « Ça faisait un bon mélange déjà », s’amuse-t-elle. Et c’est dans le théâtre de boulevard qu’elle s’épanouit. Cinquante ans sur scène tous les soirs, « mais c’était bien », lâche-t-elle avec une pointe de nostalgie.
Un seul grand amour
Cette vie de bohème lui convient, sans mari ni enfants qui l’attendent à la maison. Bien cachée derrière ses personnages, elle est toujours restée très discrète sur sa vie privée, mais elle consent à avouer un grand amour dans sa vie. « Il n’y en a eu qu’un », admet-elle. Elle a eu très longtemps, « jusqu’à il y a trois ans, jusqu’à ce qu’il ne soit plus là », précise-t-elle, un compagnon avec lequel elle ne vivait pas, marié et père de famille. « Je ne voulais pas savoir. Ça sert à quoi ? Si c’est pour faire souffrir d’autres personnes, c’est pas la peine », reconnaît-elle. Alors, elle accepte de partager cet amour, « sinon on ne serait pas resté aussi longtemps », poursuit-elle. « Si par exemple on avait envie de partir un mois ensemble, on ne pouvait pas le faire, mais on a accepté. Ou alors on ne le fait pas et on s’en va. On était bien, pourquoi rompre ? », s’interroge-t-elle, tout en admettant être « un peu spéciale ».
Et le sentiment de culpabilité ? « On n’en avait pas dans la mesure où on étalait rien », dit-elle. Quant au fait de ne pas avoir d’enfants, Marthe Villalonga reste fataliste : « Ça ne s’est pas fait. Je n’ai rien fait pour ne pas en avoir, et lui, c’était pareil ». Alors à quoi bon en souffrir. « Si j’en avais eu un, je l’aurais gardé, car j’adore les enfants, mais je ne suis pas resté sur ce truc-là. Je ne regrette rien », tranche-t-elle. À presque 89 ans, Marthe Villalonga ne veut pas s’apitoyer sur son sort. Elle reste résolument tournée vers l’avenir, à tel point qu’elle a même prévu la fin de l’histoire. « Je vais me faire incinérer, et je veux que mes cendres soient jetées dans la mer Méditerranée entre la France et l’Algérie… Enfin s’ils me laissent partir », ironise-t-elle.
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