Actuexpress.net Le 2021-07-09 12:52:30, en Tunisie, « le système de santé s’effondre »
Les hôpitaux tunisiens débordés
La situation sanitaire est « catastrophique » en Tunisie, qui enregistre ces dernières semaines un nombre record de contaminations au Covid-19, a annoncé, jeudi 8 juillet, Nissaf Ben Alaya, la porte-parole du ministère de la santé, reconnaissant que « le le système sanitaire du pays s’est malheureusement effondré ». Selon Mme Ben Alaya, qui s’exprimait lors d’un entretien accordé à une radio tunisienne, il est désormais difficile de trouver un lit disponible ou d’avoir la quantité nécessaire d’oxygène dans les hôpitaux du pays : « Si nous n’ unissons pas nos efforts, la catastrophe [sanitaire] va empirer. »
Les hôpitaux tunisiens connaissent depuis deux semaines un important afflux de patients durant cette vague de propagation du coronavirus qui atteint des niveaux inédits. Mardi, la Tunisie a enregistré 9 823 cas (dont 134 décès) en une journée, des chiffres jamais atteints depuis mars 2020, alors que le pays voit se propager les variantes Alpha et Bêta. Au total ont été recensés 473 229 cas de contamination au Covid-19, dont 15 861 décès, pour environ 12 millions d’habitants. Sur plus 3 millions de personnes inscrites pour se faire vacciner, seulement 608 332 ont reçu les deux doses.
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Sur les réseaux sociaux, des images circulent des patients à même le sol dans des hôpitaux débordés de la capitale ou des régions pauvres, comme Kairouan (centre). Les hôpitaux de campagne mis en place ces derniers mois ne suffisent plus : 92 % des lits de réanimation dans le public sont occupés et ceux de la capitale sont pleins, selon les chiffres du ministère de la santé.
Face à la situation, la Libye voisine a décidé jeudi de fermer ses frontières et de suspendre les vols avec la Tunisie pour une semaine. Les autorités tunisiennes ont, elles, ordonné le confinement de la population dans six gouvernorats, dont Tunis et sa banlieue, jusqu’au 31 juillet et l’interdiction des déplacements entre régions.
Dans un gymnase converti en hôpital, à Kairouan, le 4 juillet 2021. FETHI BELAID / AFP
En Afrique, « le pire reste à venir »
« L’Afrique vient de vivre la semaine la plus désastreuse de l’histoire des pandémies sur le continent. Mais le pire reste à venir, car la troisième vague ne cesse de s’étendre de façon accélérée », a déclaré la docteure Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors du point hebdomadaire de l’ agence onusienne jeudi.
Dans l’espace d’une semaine, ce sont 251 000 nouveaux cas de contamination qui ont été enregistrés, soit une hausse de 22 % par rapport à la précédente, dépassant largement les chiffres du pic de la seconde vague, en janvier. La responsable a exhorté les pays africains à « briser cette chaîne de transmission » en se conformant strictement aux gestes barrières, au port du masque et au dépistage, prévenant que « la fin de cette montée vertigineuse n’adviendra pas avant quelques semaines ».
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Désormais, le nombre de cas double tous les dix-huit jours – contre tous les vingt-et-un jours la semaine dernière. Cette accélération touche désormais le Sénégal et le Malawi, qui viennent s’ajouter aux 21 pays déjà attribués par la troisième vague, tandis que le variant Delta, le plus contagieux de tous et détecté dans quinze pays, est en train de prendre le pas sur les variantes Alpha et Bêta. Alors que la barre des 4 millions de morts dans le monde a été franchie, l’Afrique totalise près de 150 000 décès et plus de 5,8 millions de cas de contamination.
C’est le nombre de vaccins que devrait recevoir l’Afrique d’ici à la fin de l’année, Selon les annonces faites jeudi par Aurelia Nguyen, directrice générale du mécanisme de solidarité Covax, lors du point hebdomadaire de l’OMS. Initialement, 700 millions de doses avaient été promises. Mais la suspension des exportations du vaccin AstraZeneca par le Serum Institute of India a donné un coup d’arrêt brutal à sa mise en œuvre. Somme de trouver une solution, Covax a choisi de diversifier ses achats auprès de neuf laboratoires.
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Depuis le début de la crise, 26 millions de doses ont été fournies à l’Afrique par le mécanisme, sur les 70 millions reçus au total. Seulement 1,2 % des Africains ont été totalement vaccinés, alors qu’avec son 1,3 milliard d’habitants, le continent pèse pour 17 % de la population mondiale. Une « pandémie à deux vitesses », a dénoncé, mardi, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’OMS, alertant lui aussi sur la « phase très dangereuse » que traverse les 55 pays.
Le Maroc se lance avec Sinopharm
Le Maroc a annoncé, lundi, le lancement de son projet de fabrication locale du vaccin chinois Sinopharm, avec « à court terme » une capacité de production de 5 millions de doses par mois, d’après l’agence de presse marocaine MAP. Après la phase de lancement – dont la date de début n’a pas encore été précisée –, cette « capacité sera progressivement démultipliée », a promise le gouvernement. Le projet nécessitera un investissement global d’environ 421 millions d’euros.
C’est la société Sothema, déjà productrice d’actifs cancéreux et plusieurs chaînes de fabrication de seringues préremplies dans la banlieue de Casablanca, qui a été choisie. Le royaume chérifien veut augmenter sa « souveraineté sanitaire » face « aux dépendances extérieures et aux contingences politiques » en matière de production de vaccins, mais aussi devenir une plateforme de biotechnologie de premier plan à l’échelle du continent africain et à l’international.
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Un accord de coopération avait été signé entre le Maroc et le géant pharmaceutique chinois Sinopharm en août 2020, qui prévoyait des essais vaccinaux de phase 3 sur une cohorte de 600 volontaires contre l’approvisionnement de 10 millions de doses pour les Marocains dès l’homologation et un transfert de technologies pour une future production sur son sol. Le royaume a également signé, début juillet, un accord de partenariat avec le suédois Recipharm pour développer une chaîne de production d’autres vaccins à destination de tout le continent.
Depuis le début de sa campagne de vaccination, fin janvier, le pays, qui compte 36 millions d’habitants, a déjà complètement vacciné un quart de sa population avec des doses Sinopharm et AstraZeneca. Ce qui ne l’empêche pas de voir les contaminations continuer de grimper, avec au total 538 589 cas, dont 9 346 décès, poussant le ministère de la santé à appeler au respect des mesures de prévention pour éviter un « renforcement des restrictions ». Fin mai, le royaume avait assoupli les différentes mesures mises en place et rouvert ses frontières aériennes avec plusieurs pays, essentiellement européens.
Des infirmières préparent des injections de vaccin à Salé, le 29 janvier 2021. SHEREEN TALAAT / REUTERS
Le Zimbabwe victime du variant Delta
Frappé de plein fouet par la troisième vague et la propagation du variant Delta, le Zimbabwe est aujourd’hui le cinquième pays le plus durement touché du continent en termes de nouveaux cas (8 032), après l’Afrique du Sud (133 999) , la Tunisie (38 230), la Zambie (15 714) et la Namibie (10 438). Le pays, frontalier de l’Afrique du Sud, compte 62 383 cas de contamination au coronavirus, dont 2 029 décès.
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La ministre de l’information, Monica Mutsvangwa, a donc annoncé, mercredi, de nouvelles mesures de confinement strict, après avoir fait le constat que le couvre-feu, la réduction des horaires de travail, les confinements localisés et l’interdiction des transports entre les villes n’ont pas suffi à contenir la flambée, qui atteint jusqu’aux zones rurales. A moins d’être munis d’une lettre de leur employeur justifiant un éloignement de leur domicile, les Zimbabwéens ont pour ordre de rester chez eux.
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