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En Tunisie, les fumeurs de « zatla » en ont assez d’être traité comme des criminels

En Tunisie, les fumeurs de « zatla » en ont assez d'être traité comme des criminels

Actuexpress.net Le 2021-08-08 02:36:00, En Tunisie, les fumeurs de « zatla » en ont assez d’être traité comme des criminels


En Tunisie, les fumeurs de « zatla » en ont assez d'être traités comme des criminels. En Tunisie, les fumeurs de « zatla » en ont assez d’être traités comme des criminels. LÉA TAILLEFERT

Leurs portraits sont tagués sur les murs d’un garage de la ville du Kef, comme la marque indélébile de ce fait divers qui a lancé l’indignation en Tunisie. Dans cette cité déshéritée du nord-ouest du pays, proche de la frontière algérienne, Sameh Labidi, Fayçal Jebali et Salah J. ont été condamnés le 20 janvier à trente ans de prison pour avoir fumé un joint dans un lieu public. Ils avaient été arrêtés auparavant dans le stade Ben Jilani, un complexe sportif de la ville laissé à l’abandon. La journée, les bergers y font paître leurs moutons, tandis que le soir, quelques jeunes viennent y fumer et boire, à l’abri des regards.

Le 9 mars, la cour d’appel a décidé de libérer deux des trois Keffois – Fayçal et Salah – tandis que le troisième, Sameh, a vu sa peine réduite à deux ans de prison. Mais la sévérité de la sanction prononcée un mois et demi plus tôt est arrivée dans les esprits, comme un emblème de l’aspect répressif de la loi anti-cannabis, dite « loi 52 », qui régit la consommation et la vente de stupéfiants en Tunisie. L’affaire des jeunes du Kef nourrit les appels à réviser cette législation, accusée de cibler la jeunesse plutôt que les gros trafiquants et de traiter les fumeurs de zatla (« cannabis » en tunisien) comme des criminels.

Une loi sévère

« J’ai passé un an dans une grande cellule avec 39 autres prisonniers, dont certains étaient des meurtriers », se remémorer Fayçal Jebali, 41 ans. Depuis la prison, sa vie a changé. Il a perdu son emploi de gardien du stade où il s’est fait arrêter. Aujourd’hui, il ne pense qu’à consommer à nouveau pour oublier ses problèmes. Sameh Labidi, 24 ans, n’a quant à lui pas été libéré avec ses camarades car il agissait d’une récidive. « Il est au chômage comme beaucoup de jeunes ici, soupire son frère Houssem Labidi. C’est ça le comble, il fume pour se vider la tête et au final, il se fait arrêter, ce qui va tout faire empirer. »

« L’accusé type est un jeune entre 18 et 25 ans qui, en général, n’a pas les moyens d’accéder à une défense », explique Lamine Benghazi, d’Avocats sans frontières

La loi 52, qui punit au minimum d’un an de prison toute personne inculpée pour consommation, est une vieille histoire. Elle a été promulguée en 1992, à l’époque de la « couscous connection », une affaire de trafic international de stupéfiants impliquant Habib Ben Ali, le frère du président d’alors, Zine El-Abidine Ben Ali. Alors qu’il est condamné en France par contumace à dix ans de prison, la Tunisie est pointée du doigt, poussant le régime à durcir le ton pour tenter de restaurer son image.

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