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en Tunisie, les hôpitaux exténués par le Covid-19

en Tunisie, les hôpitaux exténués par le Covid-19

Rédaction Le 2021-07-13 15:59:54, en Tunisie, les hôpitaux exténués par le Covid-19

Dégradation des conditions matérielles, manque d’équipements, détournement de patients vers le privé… Tasnime Labiedh, médecin résident à l’hôpital public Charles Nicole à Tunis dépeint un tableau sombre de l’état du système de santé tunisien mal par une violente vague de contaminations au Covid.

→ REPORTAGE. Covid-19 : la Tunisie sinistrée par une violente vague épidémique

Le pays a le taux de mortalité lié au Covid-19 « le plus élevé de tout le continent africain et de tout le monde arabe », a alerté le docteur Yves Souteyrand, représentant local de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), répond que la situation risque encore de s’aggraver dans ce pays qui a besoin d’aide et de vaccins.

Le système de santé s’est « effondré »

Le pays, qui n’a connu qu’une cinquantaine de morts de mars à août 2020, en est actuellement à plus de 16 000 décès, avec des records de 194, 189 ou 144 nouveaux décès quotidiens enregistrés ces derniers jours, pour une population de 12 millions d’habitants. La situation est si alarmante que la porte-parole du ministère de la santé a récemment affirmé que le système de santé était « effondré », avant d’être recadrée par son.

Mais pour les soignants, qui assistent impuissants au délitement des services hospitaliers dans le pays, c’est une réalité. « Les hôpitaux publics agonisent depuis des années. La pandémie de Covid-19 n’a fait que dévoiler les failles de ce système », affirme le médecin. « À l’hôpital Charles Nicolle, on n’a pas les moyens, ni matériels ni humains, pour assurer les gardes Covid », explique-t-elle, affirmant en avoir effectué bénévolement.

Membre de l’Organisation des jeunes médecins, Tasnime Labiedh dénonce le manque de recrutement de personnels soignants durant cette pandémie : « Le ministère ne veut pas dépenser de l’argent. Il veut juste des volontaires pour faire face à la pandémie ». Elle pointe le manque d’informatisation : « On perd facilement les données des malades ». Mais aussi la gestion calamiteuse des hôpitaux. « Alors que les patients paient beaucoup, on constate que mon hôpital est en déficit ».

Détournement des malades vers le privé

La jeune médecin dénonce surtout le détournement de patients vers le système privé. « Nous ne voulons pas que la Tunisie perde son système de santé publique », dénonçant les lobbys et la corruption. Selon un questionnaire qu’elle a conduit en janvier dernier, sur 235 médecins, 19 % ont été témoins de détournements de patients vers le privé.

Face à la saturation des lits de réanimation et au manque d’oxygène dans le public, beaucoup de Tunisiens se dirigent vers les cliniques privées, où certains doivent s’endetter. Mais même le secteur privé est quasi saturé dans plusieurs régions. D’après l’association tunisienne de défense du droit à la santé, le pays est confronté depuis les 30 dernières années à « d’importantes pressions financières depuis l’application de la politique de désengagement de l’État à la fin des années 1980 (le budget alloué à la santé représente 6 % du budget de l’État, NDLR)». Le système de santé souffre d’une autre partie des inégalités d’accès aux soins entre les régions du Nord et de l’Est avantagées par rapport au reste du pays.

« Livrés à nous-mêmes »

Une majorité des soignants sondés par l’Organisation des jeunes médecins pointe aussi des vols de médicaments, des violences et du harcèlement de la part des patients mais aussi de leurs supérieurs, et l’absence d’équipements de base. « Nous sommes livrés à nous-mêmes », s’indigne Tasnime Labiedh. Face à la dégradation des conditions de travail, une majorité de jeunes médecins tunisiens, réputés, a préféré aller travailler en Europe ou au Canada.

→ RELIRE. La Tunisie dans la tourmente politique et financière

Très engagés dans la lutte contre la pandémie, les jeunes médecins se tournent vers la société civile et ont levé des fonds pour acheter des équipements et répartir dans les hôpitaux les plus en difficulté. Car dans le pays, tributaire des importations, même les concentrés d’oxygène manquent.

Au point que les autorités tunisiennes relayées par les ambassades ont fait appel à la diaspora pour aider financièrement le système de santé. Le message sera-t-il entendu quand beaucoup ne cachent pas leur crainte de voir l’argent détourné ? « On voit plusieurs ministres se succéder à la santé et c’est de pire en pire, constate Tasnime Labiedh. Alors on essaye de changer les choses avec le peu de moyens qu’on a. Si on perd espoir, on n’a plus rien ».

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