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en Tunisie, un jardin-cimetière pour les migrants morts en mer

en Tunisie, un jardin-cimetière pour les migrants morts en mer

Actuexpress.net Le 2021-06-14 01:22:39, en Tunisie, un jardin-cimetière pour les migrants morts en mer


L'artiste algérien Rachid Koraïchi dans son « Jardin d'Afrique », à Zarzis, le 1er juin 2021. L’artiste algérien Rachid Koraïchi dans son « Jardin d’Afrique », à Zarzis, le 1er juin 2021. FATHI NASRI / AFP

LETTRE DE TUNISIE

Eclatant de blancheur, le « Jardin d’Afrique » se dresse au milieu des sables et d’une oliveraie, au bout d’une longue piste sablonneuse, dans la périphérie de Zarzis, ville côtière du sud-est de la Tunisie. Un olivier centenaire garde l’entrée et pour franchiser la porte jaune d’or, les visiteurs doivent se réduire « afin de respecter les âmes des morts », selon le souhait de Rachid Koraïchi, l’artiste algérien qui a conçu ce cimetière destiné à accueillir les dépouilles de migrants inconnus, morts sur le chemin de l’Europe. Il a été inauguré mercredi 9 juin en présence de la directrice de l’Unesco, Audrey Azoulay.

Les allées recouvertes de céramiques peintes à la main, répliques de celles du XVIIe siècle des palais de Tunis, soulignent la blancheur des dizaines de sépultures parfaitement alignées. Les coupes jaunes et vertes sur les tombes sont destinées à recevoir l’eau de pluie et les oiseaux. Une salle de prière, des banquettes et des tables en céramique blanche attendent les familles et les proches des défunts.

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L’artiste a pensé son œuvre comme un jardin d’Eden pour les morts et les vivants. « Je voulais leur faire un palais avec une oasis, leur dérouler un tapis de prières, raconte-t-il avec passion. L’odeur des cadavres quand ils arrivent est qu’il fallait pouvoir donner aux morts un autre air à respirer, qu’ils sentiraient le jasmin jour et nuit. » Des bougainvillées « aux couleurs du sang du Christ », cinq oliviers symbolisant les piliers de l’islam et des orangers amers, « qui rappellent l’amertume de la mort mais aussi les délices des fleurs d’oranger », ont été plantés.

Rachid Koraïchi est intarissable sur son œuvre et les morts qui commencent à la peupler. « Les Nations unies sont ici », aime-t-il répéter. Près de 800 sépultures attendent les défunts. Plus de 200 ans déjà. Chaque tombe est surplombée d’une stèle avec quelques indications, la date et le lieu de la découverte du corps, les traces retrouvées, un pull noir, une robe rouge, le numéro de l’ADN. « Tous les rêves finissent ici », se désole-t-il.

« La situation devenait intenable »

Ce Jardin d’Afrique, Rachid Koraïchi y travaille d’arrache-pied depuis trois ans avec une équipe d’artisans et d’ingénieurs tunisiens. La rencontre avec Mongi Slim, responsable du Croissant-Rouge à Zarzis, a été déterminante. « On cherchait depuis longtemps un terrain pour enterrer dignement les morts. La situation devenait intenable. Quand Rachid Koraïchi est arrivé, c’était une bénédiction. Nous n’aurions jamais pu rêver d’un tel projet », raconte Mongi Slim.

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