Actuexpress.net Le 2021-04-26 19:00:06, Le zhar, «or blanc» convoité du Nord-Est tunisien
Une femme en habit traditionnel tunisien passe devant une fresque représentant une scène de distillation, à Nabeul (Tunisie), en avril. LILIA BLAISE
LETTRE DE TUNISIE
Aux alentours du centre-ville de Nabeul, dans le nord-est de la Tunisie, le parfum des fleurs embaume les artères. La saison des roses vient de commencer. Elles sont vendues en vrac à côté des fleurs de bigaradiers, ces orangers aux fruits amers, dont la cueillette bat son plein. A chaque coin de rue, des familles proposent ces petites bouteilles d’eau florale.
Samira Ben Rhaiem et sa mère Saïda guettent les automobilistes, espérant les voir s’arrêter pour en acheter. Leurs flacons d’eau de bigaradier, aussi appelés zhar, et d’eau de rose sont disposés sur une petite table en bord de route. «Ma grand-mère m’a appris très tôt la distillation, nous avions quelques bigaradiers dans le jardin. C’est presque le cas de chaque famille dans la région. L’eau sert pour cuisiner ou comme médicament, mais nous vendons aussi à des particuliers », explique-t-elle.
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Cette année, elle a dû baisser ses prix en raison de la crise liée au Covid-19. Elle fournit également une partie des fleurs collectées à des industriels qui les utilisent pour extraire l’huile de néroli, très convoitée par les parfumeurs français. Les maisons Guerlain et Azzaro notamment se portent en Tunisie pour composer leurs parfums.
Dans cette région du cap Bon, la fleur de bigaradier est un véritable «or blanc» qui emploie près de 3 000 familles, dont 1 500 agriculteurs sur des plantes de 450 hectares. Le climat doux du littoral est propice à cet arbre robuste qui peut vivre plusieurs siècles et dont la culture s’est développée à l’époque du protectorat français.
La puissance du néroli tunisien
Environ 20% des fleurs sont destinées au marché local et 80% aux industriels. En 2020, la production a atteint 2 100 tonnes de fleurs, en hausse par rapport à la moyenne annuelle des 1 450 à 1 600 tonnes enregistrées ces dix dernières années.
Le marché de l’huile de néroli est en pleine expansion depuis les années 1980. Les industriels travaillent avec la ville de Grasse, en France, et le secteur de la parfumerie de luxe. «Il y a une spécificité du néroli tunisien car il est plus puissant que le Marocain ou l’Egyptien. Nous avons une bonne réputation sur le marché », explique Chedly Belkhodja, dont la famille a représailles dans les années 1970 une usine de distillation et d’extraction fondée par un Français en 1903. Outre ce marché du luxe, l’huile de néroli bénéficie également de la croissance de l’aromathérapie ces dernières années.
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