Actuexpress.net Le 2021-04-21 13:04:53, les médecins tunisiens crient à « la censure »
Pour les médecins, c’est une « censure médiatique ». L’ONG Amnesty International et l’Ordre des médecins tunisiens ont appelé le gouvernement à laisser s’exprimer librement les praticiens sur la pandémie de Covid-19, après une directive exigeant une autorisation préalable pour le personnel de santé souhaitant s’exprimer publiquement sur le sujet. Le 16 avril, après des polémiques, le ministère de la Santé a publié une liste de médecins et responsables de la santé habilités à faire des déclarations aux médias ou sur les réseaux sociaux au sujet de la pandémie. Les autres sont passibles de sanctions s’ils s’expriment sans accord des autorités.
Amnesty International a critiqué une mesure « disproportionnée » et une « sérieuse atteinte » à la liberté d’expression. C’est « une tentative évidente de censurer les personnels de santé », estime Amna Guellali, responsable d’Amnesty citée dans le communiqué. Le Conseil national de l’Ordre des médecins a de son côté réaffirmé dans un communiqué « le droit des médecins à exprimer leurs positions dans leur domaine de spécialité et selon les données scientifiquement établies ».
« Le citoyen et le public ont le droit d’être connus des derniers développements scientifiques concernant l’épidémie par des spécialistes du domaine reconnu pour leur compétence, leur objectivité et leur indépendance »
Syndicat des médecins, pharmaciens et médecins dentistes
Communiqué, cité par Webdo
Cette directive est parue au moment où la Tunisie fait face à une augmentation inédite du nombre d’hospitalisations, débordant certaines structures de réanimation, tandis que le nombre de décès confirmés s’approche des 10 000 pour 11 millions d’habitants. Les restrictions de rassemblement et les mesures de distanciation sociale n’ont pas été que peu appliquées.
Au 20 avril 2021: + de 4400000 cas de #COVID-19[FEMININE en Afrique – avec + de 3 900 000 guérisons associées et 118 000 décès signalés.
Consultez les chiffres par pays sur le tableau de bord COVID-19 de l’activité pour la Région africaine: https://t.co/OLDIVVIePA pic.twitter.com/ape7HZusZj
– OMS Afrique (@OMS_Afrique) 20 avril 2021
Face à cette aggravation, le gouvernement a fermé les écoles et mis en place un couvre-feu à 19h pour les véhicules et 22h pour les piétons, soulignant que le pays n’avait pas les moyens pour instaurer un confinement.
La Tunisie, où la révolution de 2011 a permis une liberté d’expression sans précédent, a reculé d’une place dans le classement RSF de la liberté de la presse publié le 20 avril. Le pays reste le mieux classé de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, au 73e rang sur 180 pays. Selon Reporters sans Frontières, « le climat de travail des journalistes et des médias s’est nettement détérioré » au cours de l’année, avec de nombreuses mobilisations sociales et tensions politiques.
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