Rédaction Le 2021-05-12 09:00:00, [Série] Il y a 140 ans, la Tunisie tombait sous la domination française – Jeune Afrique
Par quel engrenage la Tunisie est-elle devenue un protectorat français à la fin du 19e siècle? JA a dirigé le fil des événements, qui résonnent étrangement avec la situation actuelle du pays.
Le 12 mai 1881, à 19 heures, le traité du Bardo se retire à la régence de Tunis une grande partie de sa souveraineté en faveur des autorités françaises, qui instaurent un protectorat. Ce prix en principal de la gestion des affaires de la Tunisie était devenu inéluctable.
Crédits empoisonnés
Train de vie dispendieux, monarchie vieillissante, tentative ratée de créer un tissu industriel, des caisses publiques renflouées principalement par l’impôt et une corruption généralisée ont contraints le bey d’avoir recours aux emprunts étrangers dès 1865 jusqu’à ne plus être solvable. En moins de deux décennies, la Tunisie est devenue un bourbier financier néanmoins convoité par les puissances occidentales qui chargent une commission internationale de veille aux finances du pays.
La France manœuvre habilement, contre les velléités des Italiens, profite du délitement progressif de l’empire ottoman, négocie avec les Anglais et œuvre à établir son influence et ses colonies. En 1881, la France assiste à un prétexte pour justifier son engagement militaire sur le sol tunisien et contraindre Mohamed es-Sadok Bey d’accepter son emprise sur la régence.
Train de vie dispendieux et tentative ratée de créer un tissu industriel ont contraints le bey d’avoir recours aux emprunts étrangers
Cette annexe de la Tunisie, qui ne dit pas son nom, permet à la France de se substituer à la commission financière et de consolider son projet colonial au Maghreb qu’elle avait initié en 1830 par l’occupation de l’Algérie.
Sujet délicat
Cent quarante ans plus tard, la question du protectorat est toujours un sujet délicat: le traité du Bardo a été complété en 1883 par la Convention de la Marsa qui contraint le bey à se référer au résident général même pour les propositions législatives. Le pouvoir beylical se réduit comme peau de chagrin, les consignes maximalistes édictées par la France nourrissent le mouvement nationaliste naissant.
Mais le pays ne semble pas avoir tiré des leçons de cette période. Depuis la chute du système Ben Ali et la révolution de 2011, la Tunisie peine à entamer des réformes et croule sous la dette dans un contexte similaire à celui qui a conduit au protectorat. Cette fois, ce sont les grands argentiers internationaux qui tentent de dicter au pays sa feuille de route…
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