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TOUT COMPRENDRE – Que se passe-t-il en Tunisie, pays en proie à une grave crise politique ?

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Actuexpress.net Le 2021-07-26 17:00:00, TOUT COMPRENDRE – Que se passe-t-il en Tunisie, pays en proie à une grave crise politique ?

Ce dimanche, le président Kais Saied a annoncé geler temporairement les travaux du Parlement et ses fonctions le chef du gouvernement.

La Tunisie est en proie à de multiples crises. Depuis maintenant plusieurs semaines, confrontées à une crise sanitaire sans précédent lié au Covid-19, le pays était en proie à une saturation de son système hospitalier, des patients dans certaines régions soignées à même le sol, et les autorités ont fait appel aux Dons en nature auprès de la diaspora française.

Ces dernières heures, le pays du Maghreb est aussi secoué par une violente crise politique. Ce dimanche, plusieurs milliers de manifestants ont défilé à travers le pays contre leurs dirigeants, notamment contre le principal parti parlementaire, Ennahdha, formation d’inspiration islamiste.

• Quelles sont les origines de la crise ?

À Tunis, en dépit des nombreux barrages policiers aux entrées de la capitale et dans le centre-ville, plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux jeunes, se rassemblent devant le Parlement. Elles ont notamment crié des slogans hostiles à Ennahdha et au Premier ministre qu’elle soutient, Hichem Mechichi, scandant « le peuple veut la dissolution du Parlement ».

L’opinion publique est exaspérée par les chamailleries entre partis au Parlement, et par le bras de fer entre le chef du Parlement Rached Ghannouchi, aussi chef de file d’Ennahdha, et le président Kaïs Saïed, qui paralyze les décisions.

Elle dénonce aussi le manque d’anticipation du gouvernement face à la crise sanitaire, laissant la Tunisie à court d’oxygène. Avec ses quasi 18.000 morts pour 12 millions d’habitants, le pay a l’un des pires taux de mortalité au monde.

Des appels à manifester le 25 juillet, jour de la fête de la République, circulaient depuis plusieurs jours sur Facebook, déclenchés de groupes non identifiés. Ils réclamaient entre autres un changement de Constitution et une période transitoire laissant une large place à l’armée, tout en maintenant le président Saïed à la tête de l’État.

• Que s’est-il passé dimanche ?

Dans cette toute jeune démocratie, les événements se sont accélérés dimanche, en fin de journée. Le président en poste Kais Saied, engagé depuis des mois dans une confrontation avec le fameux parti Ennahdha, a gelé les travaux du Parlement pour une durée de trente jours et pris en main le pouvoir exécutif.

« Selon la Constitution, j’ai pris des décisions que nécessite la situation afin de sauver la Tunisie, l’État et le peuple tunisien », at-il déclaré à l’issue d’une réunion d’urgence au Palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité. « Nous traversons des moments très délicats dans l’histoire de la Tunisie », at-il ajouté.

Depuis 2014 et l’adoption d’une constitution de compromis selon un système parlementaire mixte, le président a comme prérogatives la diplomatie et la sécurité. Des obligations qui vont voler en éclat puisque dans la foulée, Kais Saied a également décidé d’émettre de ses fonctions le chef du gouvernement Hichem Mechichi, dans un contexte de fort ressentiment populaire envers le gouvernement pour sa gestion de la crise sociale et sanitaire.

« Le président se chargera du pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont le président sera désigné par le chef de l’Etat », at-il ajouté.

• Quel rôle pour Ennahdha ?

Dès cette annonce, Ennahdha a fustigé « un coup d’État contre la révolution et contre la Constitution », dans un communiqué publié sur sa page Facebook. La formation islamiste a souligné que ses « partisans (…) ainsi que le peuple tunisien défendront la révolution ».

Échangeant des jets de bouteilles et de pierres devant le Parlement à Tunis, plusieurs centaines de partisans du président Saied ont lundi les partisans d’Ennahdha de se rapprocher de leur chef, Rached Ghannouchi, également président du Parlement. Stationné en voiture devant la porte close du Parlement depuis plusieurs heures, Rached Ghannouchi est bloqué d’y entrer par des militaires qui bloquent les portes de la chambre.

• Quelles suites possibles ?

L’action du président tunisien peut menacer la stabilité à court et moyen terme du pays. Si Ankara, allié d’Ennahdha, a appelé appelé à restaurer la « légitimité démocratique » et Berlin à « revenir à l’ordre constitutionnel le plus rapidement possible », Kais Saied ne semble pas pour le moment pas vouloir faire marche arrière.

Comme l’expliquent Le Monde, de nombreuses questions se sont encore produites quant à l’utilisation et l’interprétation de l’article 80 de la constitution tunisienne convoquée dimanche. Ce texte ne présente en effet pas les mesures d’exception ayant pour objectif « de garantir, dans les plus brefs délais, le retour au fonctionnement régulier des pouvoirs publics », explique le quotidien du soir.

De plus, la constitution prévoit que pour une action de ce type, le chef du gouvernement, le président de l’Assemblée et celui de la Cour constitutionnelle doivent être consultés. Si le troisième poste n’a jamais été créé en Tunisie, les deux autres personnalités, Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi, affirment n’avoir pas été consultées.

Cet article s’applique pour 30 jours, à l’issue de la Cour constitutionnelle est chargée de trancher sur son éventuelle reconduction. Mais depuis l’adoption de la constitution en 2014, les calculs politiques des partis ont rendu la mise sur pied de cette institution.

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