Actuexpress.net Le 2021-08-19 00:03:00, Tunisie: un livre pour retracer l’histoire des étudiantes de gauche musées sous Bourguiba
Publié le : 19/08/2021 – 00:03
En Tunisie, durant les années 70, la répression envers la gauche tunisienne amorcée par le président Habib Bourguiba touche aussi les femmes qui font partie des milieux estudiantins, une histoire qui a souvent été oubliée des récits de l’opposition de la gauche. Un demi-siècle plus tard ces ont écrit leur combat dans un recueil de témoignages.
Au parc du Belvédère à Tunis, Zeineb Ben Said Cherni sort de son sac ses souvenirs de jeunesse. « Ça, c’est ma carte de résidence au foyer de jeunes filles de la rue Blainville à Paris 5ᵉ. Cette carte elle-même évoque des moments de prise de conscience où j’ai commencé à m’initier à la politique d’opposition à Paris ».
De retour en Tunisie, Zeineb rentre à l’université et participe à la mouvance de gauche El Amal Ettounsi qui naît dans les années 60. En 1973, alors que la répression s’abat sur les mouvements politiques, elle est arrêtée par la police. « C’était à 4h du matin, la police est venue me prendre et par la suite j’ai été conduite à la direction de la sûreté de l’État à Tunis ».
Dévêtue, elle subit plusieurs interrogatoires sur ses activités politiques. « Ils étaient six personnes autour de moi, qui me giflaient de toutes parts et puis ça alternait entre la violence physique et les coups et en même temps l’interrogatoire ».
La maltraitance ne s’arrête pas là puisqu’une fois relâchée, Zeineb est radié de l’enseignement pendant six ans. « Tous les sévices que nous avons pu subir, l’exil, la torture, les malheurs que nous avons subis, ne sont pas vains dans le sens où ils ont aidé à la transformation de la société et à l’autonomisation du mouvement des femmes ».
Mémoire de l’opposition de gauche
Dans la quiétude d’une maison, une de ses camarades, Leila Temim, historienne, se remémore avec une amie ces années où elle a été emprisonnée à deux reprises. Mais cela ne l’a pas empêché de raconter ensuite l’histoire de la gauche tunisienne à ses étudiants. « Je sais que dans les années 77-78, j’en parle avec beaucoup de liberté en classe. J’avais des Terminales à l’époque et je leur expliquais justement donc j’ai fait de la résistance quand même dans l’enseignement ».
Il aura fallu 50 ans pour que Zeineb, Leila et d’autres couchent enfin sur papier leur récit grâce à l’initiative d’une militante féministe, feu Zeineb Farhat. Aujourd’hui, ces derniers ont fait partie de la mémoire de l’opposition de gauche en Tunisie, mais aussi des prémices du mouvement féministe dans le pays. Leur livre Bnet essyassa a été publié en arabe et en français depuis un an.
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